Dans Genèse (d’une culpabilité), l’histoire est celle de la fin d’une guerre propre, une guerre sans haine, sans violence, sans colère qui tend à l’unification. C’est la présence du mal radical qui ruine et perd l’espèce humaine. C’est une nouvelle forme de guerre qui comprend et qui déjoue l’intelligence humaine, un produit d’une culture très élevée qui rêvait de mondialisation et pour se faire a détruit les frontières, les pays, les vies. C’est la culture du néant, l’infrastructure du mal absolu.

    La guerre est omniprésente mais la violence est devenue abstraite, virtuelle. Le monde disparaît peu à peu. La planète est nettoyée.

    L’ennemi s’appelle le Grand Woof Woof Woof; avatar du Grand méchant Loup ou incarnation du W.W.W. Grâce aux progrès techniques, les moyens de communication se sont développés tenant le réel à distance, s’en affranchissant. Le monde est devenu une illusion. Les chemins ne mènent nulle part. La croissance de la communication a rejeté l’homme dans son isolement. La disparition du regard l’amène à douter de sa propre existence. 

Genèse  Archives.htmlArchives.htmlshapeimage_8_link_0

Spectacle subventionné par la Ville de Saint-Etienne et le Conseil Général de la Loire.

Coproduction : Cie de la Commune/Centre Culturel de la Ricamarie/ N.E.C. de Saint-Priest en Jarez, scène régionale.

Raphaël Fernandez

Stéphane Kordylas

David Fernandez

Valérie Larroque

Marie Forissier

Julio Guerreiro

Avec :

Distribution

Metteur en scène/Director : Béatrice Bompas

Avec/With : 
David Fernandez, Raphaël Fernandez, Marie Forissier, Julio Guerreiro, Stéphane Kordylas, Valérie Larroque
Création musicale/Music : Christophe Serpinet
Écriture/Text : Sandra Trambouze, B. Bompas
Création lumière/Lights : Yan Arnaud
Scénographie/Scenography : Chantal Guinebault
Béatrice BompasBeatrice_Bompas_CV.htmlBeatrice_Bompas_CV.htmlshapeimage_10_link_0

    In Genesis (of guilt), the story is one of the end of a clean war, a war without hatred, without violence, without anger, which tends to unification. It is the presence of the radical evil which ruins and wastes the human specie. It is a new form of war which understands and tricks human intelligence, the product of a very high culture which dreamed of globalisation, and to do so has destroyed borders, countries, lives. It it the culture of nothingness, the infrastructure of absolute evil.

    The war is everywhere but violence has become abstract, virtual. The world gradually disappears. The planet is cleansed.

The enemy is called the Great Woof Woof Woof; avatar of the Big Bad Wolf or incarnation of the W.W.W. Thanks to technical progress, means of communication have developed which keep reality at a distance, free themselves from it. The roads lead nowhere. The growth of communications has rejected man into his isolation. The disappearance of vision leads him to question his own existence.

With :

d’après les photos de Claire Lacout

La Tribune-Le Progrès, le 5 Nov. 2000, Gillette Duroure.


La compagnie de la Commune au NEC

Saint-Priest-en-Jarez accueille du 7 au 10 novembre, « Genèse (d’une culpabilité) ; Comédie », mis en scène par Béatrice Bompas.


Le Nouvel Espace Culturel de Saint-Priest-en-Jarez accueille la compagnie de la Commune pour un spectacle mis en scène par Béatrice Bompas : Genèse (d’une culpabilité) ; Comédie.

Le texte de la pièce a été co-écrit par Béatrice Bompas et Sandra Trambouze. Le titre n’est pas anodin. Genèse, cela désigne la femme enceinte, un moment charnière, la porte ouverte vers le début ou la fin de quelque chose. Culpabilité, c’est le rapport que la mémoire a avec l’atrocité et le souvenir qui file si vite. Comédie, c’est parce que les deux auteurs ont voulu parier sur l’humour, même s’il est grinçant.

L’histoire est celle de six personnes contraintes de communiquer ensemble pour survivre. Venues d’endroits et d’univers différents, elles se dirigent vers le sud porteur d’espoir, jusqu’à ce que leurs illusions s’effondrent.


Travail sur le corps

Ce qui a semblé intéressant aux auteurs, c’est le tissage des relations humaines lors d’une guerre, n’importe laquelle : « Peu importe le conflit. Il est irréel. Ce que nous avons voulu, c’est tout sauf du réalisme. C’est au contraire un théâtre ouvert où le regard de l’autre est essentiel car il permet de préserver ses propres secrets. De même, nous avons brouillé les pistes du rôle social en inversant les sexes, pour ne garder que l’être humain »

Comme pour « Gargouilles » et « le chant du Goupil », précédentes créations de la compagnie, la mise en scène privilégie le travail sur les corps et la voix. La pièce décolle sans arrêt, en dansant, de la réalité.


GD


Le Progrès, le 21 Nov. 2000, Jean-Marc Juge.


Genèse (d’une culpabilité) ou chemin (d’une rédemption) ?


Au sortir d’une guerre sans nom, six fugitifs entrent en renaissance. Une originale et intelligente création, proposée par la compagnie de la Commune, dans le cadre de la saison du Centre Culturel (de La Ricamarie).


C’EST LA NUIT, tout est sombre, on est nulle part au Nord. Cinq personnages, fugitifs, suspendus hors du temps et de l’espace, reliés à on ne sait quoi par ce filin salvateur, illusoire sécurité dans laquelle chacun se love lorsqu’il n’est pas de garde. Car on guette, on monte la garde face à une hypothétique menace qui n’apparaît jamais. Et, pour cause, on est les seuls survivants entrés en « résistance passive », du moins veut-on le croire, face au mal radical d’une guerre totale aussi terrifiante qu’insidieuse, qui bouscule tout repère, déjoue toute intelligence humaine. Illusoire et fragile tentative de survie qu’engloutira, on n’est pas dupe, tôt ou tard le néant absolu.

Microcosme d’humanité que ces cinq personnes qui, en temps de paix ne se seraient jamais rencontrés, tant ils sont aux antipodes les uns des autres, qui se côtoient par obligation sans communiquer, que rien ne réunit excepté un ridicule et si fragile « bâton de garde ». Chacun est réfugié en soi-même, se raccroche à sa petite parcelle de ce qu’il s’imagine être ou avoir été sa vie, la vie. Mais, ce mot a t-il encore un sens ? Situation sans issue où chacun tourne en rond, sans espoir, attendant la mort, mené et malmené par Suabe, leader fou en quête du Musée, là-bas au Sud, ultime avatar de la résistance humaine, accès à l’éternité qu’on recherche mais qu’on redoute.


Renaissance

Puis apparaît Tchaïka, dans une tâche de lumière, comme une apparition, une sorte d’éclosion. Elle vient du Sud mythique. Elle est enceinte, glissant plus que marchant avec la lenteur sereine et assurée de celle qui porte la vie, image de plénitude, de puissance. Elle dérange dans cet univers de mort où tout vous met aux aguets, vous oblige à des déplacements rapides et brusques. Elle agace mais attire.

Tous basculent alors, chacun se reprend à espérer. L’instinct de vie renaît, libère amour ou haine au fil des rencontres entre les personnages qui révèlent leur vraie nature. C’est la lutte pour la vie, l’heure du choix où toute rédemption est possible, pour atteindre ce désormais accessible et revivifié Musée « avec sept niches, sept portes ». Seul le vieux Monsieur Victoire ne sera pas du voyage, trop vieux pour avoir encore le courage de croire à une autre vie possible.

Intéressante livraison que cette « Genèse » proposée par la compagnie de la Commune et voulue comme « une fresque tragi-comique d’une résistance à l’oppression, qu’elle soit politique, sociale ou seulement inconsciente ». Les comédiens ont du métier, c’est indéniable, on est sensible aux trouvailles d’une sobre mise en scène qui met en valeur la finesse de la technique théâtrale, la précision du trait. C’est d’ailleurs, au-delà du message, ce qui fait l’intérêt majeur du spectacle, production finement ciselée, servie par le jeu des acteurs dans lequel transparaît une forme jubilation.

Reste que l’œuvre revêt une forme d’hermétisme qui ne la rend pas accessible à un large public. Mais peu importe, on n’y boude pas son plaisir.


JMJ 

la compagnie de la commune

RetourArchives.htmlArchives.htmlshapeimage_12_link_0
Genesis  Archives_Eng.htmlArchives_Eng.htmlshapeimage_13_link_0