FUNÉRAILLES D’HIVER
de Hanokh Levin
in Théatre choisi IV, comédie grinçante, Editions Théâtrales, 2006
éditeur et agent de l’auteur
FUNÉRAILLES D’HIVER
de Hanokh Levin
in Théatre choisi IV, comédie grinçante, Editions Théâtrales, 2006
éditeur et agent de l’auteur
L’écriture de Hanokh Levin nous projette dans un vaudeville féerique et burlesque, passant d’une situation des plus concrète à un cauchemar de farce.
Les personnages sont des monstres d’égoïsme que leurs intérêts personnels entraînent dans la démesure.
Les femmes sont des forces vives, manipulatrices et meurtrières, les hommes suivent comme ils peuvent, et surtout tant qu’ils le peuvent cette course au bonheur et cette fuite devant la mort.
La mort incarnée par Latshek et sa triste nouvelle, mais aussi par Angel Samuelov, l’ange de la mort, qui vient arrêter les destins et décime la noce au fur et à mesure des situations.
La méchanceté et la bêtise portées par ces personnages grotesques font le pendant à une pensée profondément existentielle, proche du carpe diem.
Cette pièce éclate les espaces, l’histoire va se raconter à travers le monde.
Son message est universel.
Chaque figure croisée par la noce raconte un bout d’humanité, un arrangement comique avec la vie. Tous les âges coexistent, vieux joggers, vieux bonze, quadragénaires, en famille ou vieux célibataires, jeunes gens à marier, tous dans une quête et une course folle pour faire la nique au temps qui passe. C’est un rythme effréné, comme les musiques de Kusturica, mais le temps va tranquillement les rattraper car il n’y a pas d’échappatoire possible.
Ici il s’agit de création de personnages, avec des faux-culs, des perruques, des couleurs et de la démesure.
Le verbe est haut et la parole machiavélique. L’écriture extrêmement fouillée d’Hanokh Levin
se suffit à elle-même.
Le théâtre va faire le reste. Sans avoir recours à de fastueux décors. Tous les lieux seront poétiquement suggérés, par des accessoires
et la place prépondérante de la lumière, mais aussi par le travail de choeur porté par les acteurs.
Comme il s'agit dans cette pièce d'une course éperdue devant la mort et derrière le bonheur, nous allons décaler la proposition en nous appuyant sur toute la grammaire gestuelle de la religion
juive. Le travail de choeur sera axé sur la symbolique gestuelle des cérémonies du mariage et de l'enterrement, comme une palette poétique, un code de bonne foi au milieu de ces personnages tous plus pervers et manipulateurs les uns que les autres.
Nous détournerons donc les codes: le dais du mariage qui symbolise le futur foyer deviendra un abri contre la pluie, la fiancée tournera bien 7 fois autour du fiancé et finira à sa droite, mais
pour échapper aux invectives de sa mère, l'index de la fiancée auquel le futur marié passe l'anneau sera l'arme avec lequel elle le tiendra à distance.…etc.
De même les joggers et tous les hommes qui mourront au cours de l'histoire porteront les signes de la cérémonie de deuil mêlés à leur parcours. (bougie, linge blanc, cailloux)
Et lors des réelles cérémonies du mariage et des cérémonies de l'enterrement chaque rite retrouvera son sens mais comme une redite du quotidien, banalisant définitivement d'une part l'union des jeunes mariés et d'autre part la mort des personnages. Détruisant à l'instar du texte l'élévation de cette humanité qui nous est présentée.
Levin’s philosophical and mythical works, which are usually based on ancient myths and biblical texts. These plays vary greatly in terms of plot, structure and the myths they draw upon, but habitually display similar themes such as: “the agonies and humiliations suffered by people” and “the futility of human suffering” as well as the recurring motifs of “degradation and death”
Plays focused on small, representative elements of society: individuals, families, friends and neighbors, “the dramatic space of these plays extends between the home, as the smallest unit, and the neighborhood. The play critiques family loyalty, contemporary values, and the very notion of human goodness. It's a very local, family situation that implicates all humankind.
The characters are wild, stupid, vain, mean spirited, brutal, cruel and frightening, but we laugh because we recognize in them something familiar: they mirror elements of the human soul. One of the characters, Tsitskeva, is so utterly mean spirited that we actually find ourselves rooting for her, to our surprise (but after all, it is when she faces off with the Angel of Death).
Figure incontournable du théâtre israélien contemporain, Hanokh Levin est né en 1943 à Tel-Aviv, dans une famille issue de rabbins hassidiques de Pologne. Il meurt prématurément d’un cancer en 1999. Il grandit dans un environnement déchiré par de profondes tensions liées à l’histoire politique de son pays. Il accède à l’âge d’homme dans l’Israël des années 1960, une société marquée par de profonds clivages entre ceux qui sont nés dans le pays et les nouveaux immigrants, entre les riches et les pauvres, entre les Séfarades et les ashkénazes, entre les juifs et les arabes. Les 57 pièces qu’il nous laisse sont imprégnées d’une manière ou d’une autre par cette atmosphère de conflit : il y explore le comportement humain en situation de crise, n’épargnant personne, ni les politiques, ni ses concitoyens qui restent crispés sur des préoccupations mesquines. Ses premières pièces, très politiques, provoquent beaucoup de remous au sein même du pays, parce qu’elles attaquent de manière frontale la politique menée par Israël. C’est surtout grâce à ses comédies grinçantes qui dressent des portraits au vitriol d’une société bourgeoise s’agitant frénétiquement pour préserver des intérêts égoïstes et absurdes qu’il accède à une notoriété internationale.
En tant qu’homme de théâtre, il dirigea lui-même la mise en scène de 22 de ses pièces. Ce théâtre contemporain hébreu commence à être joué en Europe.
Playwright Hanokh Levin was born in Tel Aviv in 1943 and died of cancer in 1999 after winning a reputation as a national treasure in Israel. His parents were Polish refugees and he viewed the world through the lens of a survivor. His plays are more universal than Israeli, characterized by powerful language and a Rabelaisian sense of humor. Levin laughs deeply at life through prototypical characters whose attributes--and even the onomatopoetic quality of their names--are original yet familiar. When you stop laughing in a Levin play, you often find you've just seen something extremely sad.
Levin began his artistic career as playwright, author and poet in the mid-1960's. He loved his country, Israel, and held up the mirror of satire so that humanitarian ideals of peace and brotherhood would not be drowned in the euphoria following his country's military victories. His body of work ranged from satirical cabarets (earning him something of a "Peck's bad boy" reputation) to bittersweet comedies, comic tragedies and reworkings of classical and biblical dramas. Occasionally, his critiques of Israeli politics ran afoul of the military censors and were banned, among them "The Queen of the Bathtub," a satire from the 70's.
His plays are performed nearly every year in Israel, mainly in the national theater Habima and The Cameri Theater. Levin or his equally talented brother directed most of his Israeli productions himself. He also wrote several screenplays, radio plays, and collections of poetry and prose. His Israeli awards included the President's Prize and the Art Council Prize. His plays have been translated into six languages and performed in festivals throughout the world. Sardonic, ironic and absurd, they resonate strongly to Israelis and Jews worldwide. Today, Israelis seeking an apt expression in any number of situations often find just the right quote from a Hanoch Levin play.
In 1999 while Levin lay dying of bone cancer, the actors rehearsed his last play, "Requiem," right in his hospital room. When he died in 1999, there was national mourning in Israel and throughout the world for a great playwright and poet.