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1.Mémoire
Ce travail interroge la relation que nous avons avec notre propre mémoire, il en met en lumière les désordres, les peurs, les décalages que peuvent créer les débuts de la maladie. Chaque figure est porteuse de sa propre histoire qu’elle essaye de nous restituer avec plus ou moins de facilités .A l’aide de quelques tuteurs pour ne pas oublier (pinces à linge et étiquettes) pour l’une, pour l’autre la récurrence de son incapacité momentanée de savoir ce que l’on venait faire et ce que l’on avait à dire et surtout comment enfile-t-on cette satanée veste. Pour une troisième c’est la poursuite de la personne qu’on a reconnue, enfin que l’on croyait connaître et qui finalement nous est étrangère et ne fait pas partie de notre histoire. La maladie d’ Alzheimer est présente en filigrane, elle est apprivoisée par chacune des figures dans la reconstruction de son présent.
Dans notre spectacle la mise en abîme (photo + ombre + corps) met à jour, révèle, les différents plans ou strates de la mémoire. Comme les ombres de la caverne platonicienne : ce dont on se souvient, ce dont on croit se souvenir.
La notion de réalité s'efface pour laisser la place à la dimension poétique. Dans cette superposition de trois plans, il s'opère une révolution complète du regard porté sur l'espace scénique.
Les ombres travaillent en nous la dimension symbolique, la photo projetée celle de la mise à distance intellectuelle et le corps du danseur ou de l'acteur celle de l'intimité. L'ensemble des trois plans travaille en nous l'émotion, qu'elle arrive de la pensée, du symbole ou de l'intime, chaque spectateur y reconnaît quelque chose de lui-même.